En 1710, Gédéon DESANDROUIN, venant de Charleroi, en Belgique, fait l'acquisition d'un terrain en bordure de l'Escaut, à Fresnes, pour y construire une fabrique de verre dont il confie la direction à son fils Pierre-Denoëllle en 1716. C'est la première verrerie implantée sur le territoire communal : on l'appellera la Verrerie du Nord ou Verrerie de l'Escaut, située à l'emplacement de l'actuelle Unité Locale de Soins, rue Ghesquière. Une ordonnance de monsieur de BERNIERE, intendant du Hainaut, en date du 19 septembre 1716 stipule qu'il y a « vingt-cinq personnes au moins occupées au service de la verrerie ».
Dès sa création, la verrerie jouit de privilèges accordés aux verriers.
Vu le certificat ci-dessus, l'arrêt du conseil du 11 juillet 1724 et les ordonnances de M. de BERNIERES ci-devant intendant de Flandres et de Valenciennes du 19 septembre 1716 par laquelle la consommation des maîtres et ouvriers des verreries de Fresnes, leurs familles et domestiques aurait été fixée à douze brassins de forte bière et à six pièces de vin, le tout par an et après avoir entendu le sieur LAMORAL directeur des domaines de ce département M. Charles CORDIER chargé de la régie des fermes royales…
Nous estimons sous le bon plaisir de Sa Majesté que la consommation des maîtres de verrerie de Fresnes, leurs familles et domestiques à leur pain et à leurs gages, ne faisant qu'un seul et même ménage et les ouvriers y travaillant actuellement doit être fixée pour la présente année à la quantité de douze brassins de forte bière, chaque brassin composé de douze tonnes, mesure de Fresnes et à six pièces de vin jusqu'à concurrence desquelles quantités ils doivent jouir de l'exemption des droits du domaine sur les boissons. Fait à Valenciennes le 25 mai 1725.
Exemption des droits sur les boissons accordée aux verriers Fresnois en 1725.
En 1725, suite à la requête présentée par DESANDROUIN, le roi de France lui accorde un monopole d'exploitation « pendant trente années avec défenses à toutes personnes d'établir aucuneautres verreries a trois lieues aux environs (douze kilomètres)a peine de tous depens et dommages et interests ».
Dans un rapport de 1788 sur les usines et bouches à feu, le subdélégué de Valenciennes remarque que l’établissement ancien du Vicomte DESANDROUIN a un débit considérable en bouteilles et en verre à vitres. Il est alimenté en charbon de terre, le bois étant très rare et très cher à Valenciennes depuis quelques temps. En l'an IX (1801), selon le préfet DIEUDONNE, deux verreries à Fresnes (verrerie du Nord et verrerie du Midi) livrent 1550 caisses de verre à vitres, 147 000 flacons et bouteilles et emploient 40 ouvriers.
Après la révolution et l'Empire, les verreries connaissent un regain d'activité avec l'apparition de la concurrence. Stanislas DESANDROUIN, petit-fils de Gédéon et neveu de Pierre Denoëlle s'oppose à cette libéralisation. Pendant un siècle, la famille DESANDROUIN a régné sans partage sur l'industrie du verre à Fresnes.
C'est Jacques RENARD, fondé de pouvoir qui reprend les verreries à la mort de Stanislas en 1821. Il est également agent général de la compagnie des mines de Fresnes.
La société RENARD est la plus grosse verrerie du département. Elle emploie 300 ouvriers et ses sept fours produisent 800 000 m² de verre à vitres. Cette fabrique a fourni, par exemple, les verres formant la toiture du Palais de l'Industrie à Paris.
Les trois verreries qui ont existé à Fresnes sont : la verrerie du Nord ou de l'Escaut, la verrerie du Midi et la verrerie Sainte Désirée (sise entre la rue de la marine actuelle et les anciens établissements DROULERS). Ces fabriques changèrent plusieurs fois de propriétaires :
Les DESANDROUIN
Les RENARD père et fils
Jules DE HEINZELIN
SCHMIDT
COLBERT-SCHMIDT et Cie
SCHMIDT-FROMONT
Alfred CAUWEZ
Peu à peu, ces verreries cessèrent leurs activités. La société Anonyme des Verreries de Fresnes, ancien établissement RENARD père & fils, ferma ses portes le 5 février 1913. Vers 1925, plus aucune fabrique de verre n’existait dans la commune.
Sources :
Archives départementales – Archives municipales
La voix du Nord Aout 2001
Lucien QUINET- Les anciennes verreries et les anciens verriers du pays de Charleroi-1885
Jean DAUBY-et-souvenirs de vieux Fresnois
Aujourd'hui, rien ne subsiste des verreries de Fresnes, mis à part quelques vestiges de fours et la cheminée de la verrerie du Nord.
Ces témoins du passés sont dans un piteux état de délabrement important. On peut les apercevoir en se promenant dans le parc municipal Joliot-Curie. Peut-on rêver à une sécurisation de ce site qui rappelle le passé industriel de notre ville ? Serait-ce possible, par la suite, d'ouvrir cet espace aux Fresnois afin d'en faire un lieu de promenade au même titre que le « cavalier » Somain-Peruwelz et le chevalet du Sarteau.