En 1833, Monsieur Paul CASTIAUX, directeur de la Compagnie des Mines d’Anzin, présente au sous-préfet de Valenciennes un projet pour assurer, par chemin de fer, le transport des charbons exploités dans les nombreux puits de la compagnie. Le 26 mars 1834, le sous-préfet publie un avis sur l’avant-projet de construction d’un chemin de fer de Saint-Waast à Denain. Le 24 octobre 1865, une ordonnance royale accorde la concession pour la construction de deux chemins de fer : Saint-Waast-Denain et Denain-Abscon.
Durant cette période, Monsieur CASTIAUX se rend en Angleterre où la traction à vapeur est déjà en exploitation depuis cinq ans, et commande deux locomotives aux ateliers STEPHENSON à Newcastle. Ces locomotives livrées, sont démontées et copiées au Chantier d’Anzin (devenu plus tard les Ateliers Centraux). Paul CASTIAUX brillant ingénieur, les étudie et apporte de nombreuses modifications
Locomotive Jean FROISSART sortie du Chantier d’Anzin en 1838.
Elle fut suivie par quatre machines du même type : la Sainte-Barbe, l’Active, la Rapide et la Jennings
Après quelques retards dus aux caprices du ciel, la ligne de Saint-Waast est inaugurée le 18 octobre 1839. Le trajet de neuf kilomètres est parcouru en un quart d’heure.
L’ouverture de cette ligne au public a lieu le 21 octobre 1839.
La description de la voie ferrée est consignée dans le procès-verbal de visite des chemins de fer destiné à la réception des travaux le 12 décembre 1838.
C’est le premier chemin de fer à voie large construit en France (1.44 mètre). Le rail, d’un poids de 22,200 kg au mètre, repose sur des supports en fonte, eux-mêmes placés sur des supports e pierre. La construction de ces voies est inspirée du procédé anglais et les trains roulent à gauche.
Les passages à niveau ne sont pas protégés. Leur surveillance est assurée par un cantonnier qui déploie un drapeau tricolore pour avertir de l’arrivée imminente d’un convoi. Ce même emblème, fiché sur la voie, sert à alerter le mécanicien de la proximité d’un chantier de réparation. Les premières barrières roulantes apparaissent en 1900, fabriquées au Chantier d’Anzin. Le cantonnier est alors remplacé par un ou une garde barrière.
Le 24 octobre 1868, un décret impérial déclare d’utilité publique l’établissement du chemin de fer d’Anzin jusqu’à Peruwelz, à la frontière belge. La ligne est opérationnelle en 1874. Le train dessert alors quinze gares : Somain, Abscon, Escaudain, Denain, Hérin, Anzin, Le Moulin, Bruay, Thiers, Escautpont, Fresnes, Condé, Vieux-Condé, Peruwelz.
Quand le train se trouvait en gare d’Escautpont, depuis le quai de la gare de Fresnes, on pouvait entendre le sifflet strident de sa locomotive. Quelques minutes plus tard, c’était un convoi brinquebalant, soufflant, fumant, lâchant des escarbilles, grinçant de toutes les tôles noircies de la machine, qui s’immobilisait le long du quai où de nombreux ouvriers, ouvrières, écoliers, lycéens ou simples voyageurs montaient ou descendaient des voitures, berlines surélevées et compartimentées, à la faible hauteur de plancher. Les wagons munis de banquettes en bois peu confortables étaient un lieu de convivialité qui disparut le 16 avril 1963, date où l’on supprima le service voyageur.
Le service marchandises avait connu le même sort peu de temps auparavant.
Fresnes possédait deux gares et cinq haltes au début du XXe siècle, ce qui était remarquable pu une si petite agglomération.
Deux lignes de chemin de fer traversaient Fresnes : celle de la Compagnie d’Anzin et celle de la Compagnie du Nord.
Sur le réseau d’Anzin, se trouvait la gare de Fresnes et celle de Condé bâtie sur le territoire de Fresnes.
La municipalité projette de restaure la gare dont elle est maintenant propriétaire. La cabine d’aiguillage, rue Bancel, a déjà été réhabilitée extérieurement.
Tous les rails ont été enlevés et la voie est devenue une « coulée verte » très fréquentée par les promeneurs, les vététistes et les amateurs de footing.
Sur le réseau Nord, on trouvait outre la gare de Fresnes déjà citée, la halte du Moulin, la halte du Trowez, la halte du Sarteau, la halte du Marais de Vicq et la halte des verreries d’Escautpont. Tous ces points d’arrêt n’existent plus depuis longtemps.
En 1946, après la nationalisation des houillères, la traction à vapeur fut remplacée par le diesel. Les locomotives à vapeur causaient de nombreux problèmes dans les lavoirs durant l’hiver. Les voies de triage remplies d’eau étant souvent gelées, une main-d’œuvre nombreuse devait intervenir pour décoller les roues soudées aux rails et réparer les tuyauteries endommagées par le gel. Il arriva que des lavoirs dussent stopper leur activité parce qu’il n’était plus possible d’évacuer les wagons chargés. Les tracteurs diesel remplacèrent les locomotives classiques parce que le fuel était moins cher que le charbon et que ces tracteurs étaient plus puissants et d’un entretien moins onéreux.
Aujourd’hui, rien ne subsiste de ces installations ferroviaires entre Somain et Peruwelz. Seule la ville de Fresnes a conservé un peu de ce patrimoine
Source :
Emile PECOU
Archives d’Anzin
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